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Le poème est venu se poser devant moi, hier, à l'heure où je n'attendais plus
Et moi me suis mise à respirer pianissimo con amore
tremblant qu'un souffle de mon émotion ne l'épouvante et ne le chasse
Je n'osai même pas me lever pour atteindre les graines à oiseaux
Petit flûtiau de frayeur qui t'envoles
on n'entend que ton coeur habillé de plumes
Hélène Aribaut
Toulouse, années 60.
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CHINOISERIES
« …Le santal vieux qui se dédore… »
Mallarmé
Vieux oiseaux paradisiaques
Vieux médecins maniaques
Mauves, camomille et verveine
Dans les grands pots de porcelaine
De grands pots fanés
Où se sont effeuillés
Des simples séchés.
Elixirs poisons et thériaques.
Fêtes étranges, cris et masques
Où naît, en ombre sur le mur,
Le profil fin, gracieux et dur
De ces oiseaux fantasques.
Hélène Aribaut
Toulouse 1962
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TRAVAUX D’AIGUILLES
« Le premier vers est porté par les dieux. »
Paul Valéry
Le monde est un patchwork de couleurs et de fibres
Intimement croisées, souvent à leur insu,
Par une volonté qui nous préfère libres,
Et peut seule embrasser l’ensemble du tissu.
Je suis, tu es un fil qui se fraie, maille à maille,
Un chemin compliqué, obscur et périlleux,
Dont tu ne vois qu’un pas après l’autre, à la taille
De ta vue limitée à l’horizon des cieux.
Ne résiste donc pas à l’aiguille qui guide
Ton tracé ignorant, craintif et saugrenu :
Aie confiance en la main qui doucement dévide
Ton destin tricoté en un point inconnu,
Dont tu peux toutefois infléchir d’une bride
Ou d’un retard la voie de celui qui décide.
Hélène Aribaut
14 Mai 2007, 17h.
Publié dans le blog Dentelles d'Encre.
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PREFACE
Ce soir, un souvenir me vint en douze pieds,
Et je multipliai la donne alexandrine
Par les quatorze vers qui siéent à un sonnet.
.Je sentais m’entourer la bienveillance fine
D’une foule d’esprits et d’âmes magnanimes,
D’anges et troubadours que souvent j’ai priés.
Une sérénité montait de mes racines,
Revenaient des bonheurs ni morts ni oubliés.
Alors je composai le poème qui suit,
Ecrit, à dire vrai, avant ce sonnet-ci.
J’avais la joie de Proust devant ses aubépines.
J’obéis à la voix qui gouverne mes nuits,
Et tant pis si cet ordre impérieux me nuit :
Ma santé vaut bien moins qu’une grâce divine.
19 Novembre 2003 . 0 h 30.
GRATITUDE
L'interdit m'arrêta aux portes de l'extase.
Tant je t’aimais, jadis, que je la refusai.
Pourtant oui, je l’avoue, en mes nuits je l’osai,
Et il arrive encor que mon rêve s’embrase.
Du passé je ne veux faire la table rase.
Cependant, mon ami, toujours je te verrai
En étrange délice et lointaine contrée,
Un feu perpétuel, mais pur et sans emphase.
D’amante, j’ai mué en délicate sœur.
Et je trouve aujourd’hui que la morale est belle
Qui du passé flambant a fait une douceur.
Et si la braise au vent semble entrouvrir son aile,
Je l’apaise d’un geste aussi frais qu’une fleur.
Ne nous hâtons jamais : la vie est éternelle.
Hélène Aribaut. Fuveau,
18 Novembre 2003, minuit moins dix.
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Puisses-tu accrocher tes filets assez haut
pour retenir l’oiseau qui refuse l’escale !
La vue du nid le chasse où son aile, pourtant,
voudrait bien s’arrondir pour réparer ses forces.
Mais il fuit le sommeil, la geôle artificieuse
où l’on se plaît trop bien, qui ressemble à la mort,
et préfère voler vers elle, doucement,
toujours inquiet de sa rencontre, mais du moins
l’œil grand ouvert, curieux des pays, des nuages,
et face au ciel, jusqu’au moment de rendre l’aile !
H. A. Toulouse 1965 ou plus tard.
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« Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. »
René Char
« Les compagnons dans le jardin »
La parole en archipel)
Deux jours deux nuits
Est-ce moi ?
Est-ce moi cette lame brillante qui grave tous les plis secrets e la douleur ?
Qui m’a mis dans la main cette arme si longtemps tournée vers moi,
et m’en a donné la science ?
mon amour mon pareil
demeure en moi le visage trop beau des vies de la musique
Je sois en toi l’intouchée de tout ce qui n’est pas ton âme.
Mon ami mon amour les mots ne sont que grains de sable vitreux
Aveugles peaux tièdes sur le sable flambant
MAIS ILS GERMENT
voici le point de verdure,
voici le pampre
voici le cep
voici la vigne déferlante sur les sept montagnes du Rhin
et le vin forcené qui coule dans tes veines
et la grappe foulée de mon corps parmi d’autres corps
dans le brasier géant de la douleur humaine.
Je m’enroule Je m’enserre
Je t’étouffe Je t’habite
Mes yeux voient derrière tes yeux
Mes oreilles écoutent ce que tes oreilles écoutent
La fièvre va et vient
de toi à moi de moi à toi
Nous respirons la même haleine du violon
Premier cristal aux harmoniques du glacier
La même mort alterne ses gestes sur nos tempes
La même mort suspendra l’orchestre
Sommes-nous côte à côte la même digitale parole du chef ?
Avons-nous la même hiéroglyphe sonore et nos doigts
auraient-ils choisi le même soupir pour tourner la page ?
Garde mon sceau Garde ma clef
Le poème vital est sous ta garde.
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Estampes et haïkus
"Et la lune descend sur le temple qui fut"
Le chant du ruisseau
Le chant du coq
Le chant du coq par aribaut-helene
La sieste de Coccinelle par aribaut-helene
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Araignée que chanterais-tu
Et avec quelle voix
Dans ce vent d’automne(Bashô)
Impudente que je suis : voisiner avec le grand Bashô !
Fleurs et papillon
naissent ensemble
un semblable matin
Je crois que ces oiseaux méritent d'être classés parmi les estampes...
Estampe réalisée à partir de mes peintures.
Variations sur une estampe
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Le vent se lève ( kaze tachinu), d'Hayao Miyazaki
J'ai trouvés sur internet ces gifs extraits du film d'animation de Miyazaki et j'en place quelques-uns ici pour vous donner envie de le voir ou revoir (il est paru en DVD).
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Ses autres films :
Mon voisin Totoro
Le château dans le ciel
Le château ambulant
Le voyage de Chihiro
Ponyo sur la falaise
Nausicaa de la vallée du vent
Princesse Mononoké
Porco rosso
Arietty
Kiki's Delivery Service
Mimi O Sumaseba
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J'en ai des milliers et ils sont devenus envahissants. Aussi ai-je troqué désormais le papier pour le numérique - plus de mille ebooks gratuits ( tous les classiques passés dans le domaine public et on en trouve même du XXe s.). J'en ai seulement acheté quelques-uns.
La liseuse se tient comme un livre normal en format de poche, son écran n'est pas lumineux, il faut donc la lumière du jour ou une lampe comme pour un livre-papier. L'avantage (pour les presbytes comme moi) c'est qu'on peut grossir les caractères et même changer les polices ad libitum. Et puis c'est grisant d'emporter une bibliothèque dans son sac à main ! Pour tourner la page, on effleure l'écran.
Il ne faut pas se faire d'illusions, le livre papier va être détrôné pour la raison qu'il prend trop de place dès qu'on en possède beaucoup. Les bibliothèques publiques ne sont pas élastiques non plus, à moins d'en construire d'autres de plus en plus grandes.
Quelques-uns qui m'ont laissé une trace profonde ces dernières années. En désordre ( livres en papier sauf un):
1Q84, d'Haruki Murakami (Belfond), et son dernier paru en français, L'incolore Tsukuru et ses années de pèlerinage (numérique). Mystérieux et attachants comme toute l'oeuvre* de ce grand romancier japonais contemporain.
*Pour mémoire : Chroniques de l'oiseau à ressort, Après le tremblement de Terre, Kafka sur le rivage, Le passage de la nuit...etc.
Dans la grande nuit des temps, d'Antonio Muños Molina (Seuil). Un peu lent au début, mais ensuite...Les amours y sont torrides ! Cela se passe à Madrid au début de la guerre civile.
Les Bienveillantes, de Jonathan Littell (Gallimard et Folio), prix Goncourt 2006. Un roman terrible, âmes trop sensibles s'abstenir.
Dans le genre terrible aussi, mais véridique cette fois, le témoignage d'un rescapé des camps nord-coréens, Rescapé du camp 14. De l'enfer nord-coréen à la liberté (écrit par Blaine Haren (Belfond).
Seul dans Berlin, de Hans Fallada (Folio): un roman sur le quotidien sous le régime nazi d'une maison ordinaire de Berlin, où se côtoient collaborateurs, délateurs, résistants, et habitants morts de trouille!
Ma vie parmi les ombres de Richard Millet (Gallimard).
La vie obstinée et La bonne grosse montagne en sucre, de Wallace Stegner (Phébus)
Un petit roman adorable, plein de drôlerie et de tendresse, Le sourire étrusque de José Luis Sampedro (Suites, Métailié)
Et puis j'ai relu, ou même découvert parfois, de grands classiques que je n'énumèrerai pas, il y en aurait trop.
Pas le courage de rédiger des fiches sur ces livres. Une autre fois, peut-être.
"J’ai lu pour m’instruire, j’ai lu pour connaître, j’ai lu pour accumuler des idées et des faits, et puis, un jour, j’ai reconnu que les images littéraires avaient leur vie propre. (…) J’ai compris que les grands livres méritaient une double lecture, qu’il fallait les lire tour à tour avec un esprit clair et une imagination sensible ."
Bachelard
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