• Chaise longue

     

    La morphine a capturé pour un temps la douleur, et me rend incertaine comme un verre d'eau dans une vieille main. L'est de mon jardin me berce dans ses verdures ponctuées de lauriers, de capucines et de roses. Là-haut un rossignol se grise d'un chant plus grand que lui. Le soleil allume de sequins dans l'amandier, et tisse les baves d'escargots. Un écureuil pique du nez sur le fût d'un pin. Entre les feuilles bougent les insectes. Et parfois, sur une fleur, s'en pose une autre frémissante.

    Que pourrait être d’autre la prière du matin, que cette joie des yeux grands ouverts, que cette écoute déjà nostalgique, dans la buée précaire et tremblante de la vie ?

     

    Je voudrais, comme ces écureuils enfants, jouer à des poursuites innocentes, me percher comme cette colombe sur la plus haute branche, ou sculpter le silence d’un chant voluptueux. J’ai fait cela. Mais il n’est plus temps pour moi peut-être. Ne me reste-t-il désormais qu’à dire des merveilles dont je ne suis déjà plus ?

     

    L’air s’illumine et m’enveloppe de chaleur tendre. Des parfums voyageurs déposent sur moi leurs ambassades, si je ne puis bouger. Et j’entends mes propres sèves monter dans l’espérance.

     

    Hélène ARIBAUT

    17 Juillet 2000

    « Camp volantDésir »
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