-
Bulles
Vois : notre bulle ondule
Palpite…telle un tulle
Glacé
Et pâlit, puis se brise,
Passée.
Mais une autre plus belle,
Transparente ombelle
D’air pur,
S’enfle et s‘envole,
Subtile parabole
D’azur.
Ton souffle la fait fuir.
Hélas, elle va mourir
Bientôt.
Mais luit encor son aile ;
Tous les ors y chancellent
A séduire Watteau.
Une illusion l’irise,
Notre désir l’attise
Une dernière fois
Pour fondre à mon regard
Qui a senti trop tard
Passer l’ultime joie.
La nouvelle est plus ronde
Et plus lourde, on dirait.
Suspendue comme un monde
A quelque dieu distrait,
Elle titube, lente.
Tous les angles l’aimantent
Qu’elle frôle sans voir…
Ma prière la guide et ne respire plus…
Mais elle tombe enfin, trop imbue de sa gloire,
Comme un fruit éclatant et de soleil repus.
Vois sa dansante fille
Qui se moque déjà
En cueillant des myrtilles
Sur le bout de mes doigts.
Le heurt d’une corolle
La tuerait comme on joue.
Mais elle est trop frivole
Pour penser à tout.
Gronde donc cette folle
Insoucieuse du sort
Qui fait la farandole
Et butine sa mort.
Mais quel courant l’enlève
A notre inquiétude ?
La nue soudain se lève
Et savamment élude
Ce grelot si ténu.
Où donc, dis, où es-tu,
Caprice de lumière,
Toi que je préférais,
O toi qui le savais ?
Hélène Aribaut
Toulouse 19 Avril 1965
Si vous aimez, ne le gardez pas pour vous !
-
Commentaires